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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 12:00

Dans une tribune publiée dans les journaux «Le Monde» et «The Guardian» datés du 9 octobre 2018, plus de cent juristes venus des cinq continents demandent aux Nations unies de voter en faveur d’un nouveau traité international

 

 

Appel de 100 juristes pour l’adoption d’un Pacte mondial pour l’environnement

Paris, le 9 Octobre 2018

 

Le 10 mai 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à une très large majorité une résolution ouvrant la voie à la négociation d’un Pacte mondial pour l’environnement. Ce traité international regrouperait dans un texte unique les grands principes juridiques qui guident l’action environnementale. Depuis plus de trente ans, la communauté internationale des juristes appelle les Etats à l’adoption d’un tel texte, depuis les experts juridiques du rapport Brundtland de 1987 jusqu’au projet de Pacte sur l’environnement et le développement de l’UICN de 1995 et au projet élaboré en 2017 par un groupe d’experts, composé d’une centaine de juristes issus de 40 pays du Sud et du Nord, représentant toutes les traditions juridiques. En 2015, l’adoption des Objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris sur le climat a créé une dynamique mondiale nouvelle en faveur de la protection et de la conservation de l’environnement. Ces textes ont marqué des avancées majeures. Toutefois, les atteintes à l’environnement persistent et sont même d’une gravité sans précédent. Les années 2017 et 2018 ont été marquées par des températures record. La biodiversité continue de se dégrader à grande vitesse. Il est nécessaire de franchir une nouvelle étape. Au delà de la question du climat, le besoin se fait sentir d’un texte plus global, fixant les principes directeurs de la gouvernance mondiale de l’environnement. Avec le Pacte mondial pour l’environnement, la communauté internationale se doterait pour la première fois d’un traité à caractère général, couvrant l’ensemble des domaines de l’environnement. Pierre angulaire du droit international de l’environnement, le Pacte constituerait un « umbrella text » permettant de créer un lien entre les différents traités sectoriels existants (climat, biodiversité, déchets, pollution, etc). Le Pacte n’entend pas se substituer à ces textes. Au contraire, il vise à les compléter et à en faciliter la mise en œuvre. Il pourrait ainsi combler leurs lacunes ou encore s’appliquer cumulativement à eux, lorsqu’il n’y a pas d’incompatibilité, afin de leur donner davantage d’effectivité et d’efficacité. S’agissant de son contenu, ce nouveau traité reflèterait les principes environnementaux partagés par la plupart des constitutions dans le monde et consacrés dans certains textes internationaux importants mais sans valeur juridique, comme la Charte mondiale de la nature de 1982 ou la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement de 1992. Il bénéficierait à tous les acteurs de la gouvernance de l’environnement, en rassemblant de façon systématique, en tant que socle minimal, les dispositions internationales, constitutionnelles et législatives déjà existantes dans de nombreux pays. Dans chaque Etat, le législateur y trouverait des références pour l’adoption de lois plus protectrices de l’environnement. Les cours suprêmes y puiseraient une inspiration commune pour consolider, dans le cadre d’un dialogue entre les juges, les fondements d’un droit global de l’environnement. Les citoyens et les ONG verraient leurs droits environnementaux renforcés. Les entreprises tireraient parti de cette harmonisation des règles du jeu au plan mondial, qui favoriserait une plus grande sécurité juridique et des conditions de concurrence équitable. Alors que sont célébrés les soixante-dix ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, et cinquante ans après l’adoption des deux Pactes internationaux de 1966, relatifs l’un aux droits civils et politiques et l’autre aux droits économiques, sociaux et culturels, le moment est venu de franchir une nouvelle étape dans l’histoire du droit international. C’est pourquoi nous appelons à l’adoption d’un troisième Pacte consacrant une nouvelle génération de principes fondamentaux : les droits et devoirs relatifs à la protection de l’environnement.

 

Signataires:

Yann Aguila, président de la Commission Environnement du Club des juristes, Antonio Herman Benjamin, juge à la Haute Cour nationale du Brésil, président de la Commission mondiale du droit de l’environnement de l’UICN, Laurent Fabius, ancien président de la COP 21, Bruce Ackerman, Sterling professeur de droit et de sciences politiques, Ecole de droit, Université de Yale, Laurence Boisson de Chazournes, professeure, Université de Genève, David Boyd, professeur de droit, de politique et de développement durable, Université de la Colombie-Britannique, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’environnement, Lord Robert Carnwath, juge à la Cour suprême du Royaume Uni, Parvez Hassan, avocat à la Cour suprême du Pakistan, président émérite de la Commission mondiale du droit de l’environnement de l’UICN, Marie Jacobsson, ancienne membre de la Commission du droit international des Nations Unies de 2007 à 2016 et rapporteur spécial, Donald Kaniaru, ancien directeur de la mise en œuvre environnementale au PNUE, Swatanter Kumar, ancien juge à la Cour suprême indienne, ancien président du National Green Tribunal indien, Luc Lavrysen, juge à la Cour constitutionnelle de Belgique, président du Forum européen des juges pour l’environnement, professeur en droit de l’environnement, Université de Gand, Pilar Moraga Sariego, professeure au Centre du droit de l’environnement, Faculté de droit, Université du Chili, directrice du groupe de recherche sur la dimension humaine au Centre de Recherche sur le Climat et la Resilience (CR)2, Tianbao Qin, professeur, Université de Wuhan, secrétaire général de la Société chinoise de droit de l’environnement et des ressources naturelles, Nicholas A. Robinson, professeur à l’Ecole de droit Elisabeth Haub, Université de Pace, New York, chef exécutif du Centre d’études mondial pour le droit de l’environnement, Jorge E. Vinuales, professeur, Université de Cambridge, président du Comité d’examen du respect des dispositions du Protocole sur l’eau et la santé de la CEE-ONU/OMS-Europe, Margaret Young, professeure associée, Faculté de droit, Université de Melbourne, Pauline Abadie, maître de conférences en droit, Université Paris Saclay, Domenico Amirante, professeur titulaire de droit comparé et de droit de l’environnement, directeur de l’Ecole doctorale de droit comparé, département de Sciences Humaines, Université « Luigi Vanvitelli », Marisol Angles 2 Hernandez, docteure en droit de l’environnement, chargée de recherches à l’Institut pour la recherche juridique, Université nationale autonome du Mexique (UNAM), Dr. Virginie Barral, professeure associée de droit international, Université d’Hertfordshire, Mishig Batsuuri, président de la Chambre administrative, Cour suprême de Mongolie, Ben Boer, professeur distingué, Institut de recherche sur le droit de l’environnement, Université de Wuhan, professeur émérite, Faculté de droit, Université de Sydney, ancien vice-président de la Commission mondiale du droit de l’environnement de l’UICN, Klaus Bosselmann, professeur, Université d’Auckland, président du Groupe d'experts sur l'éthique de la Commission mondiale du droit de l'environnement de l'UICN, président de l’Association du droit et de la gouvernance écologique, Simone Borg, experte juridique en droit international, présidente de l'Institut pour le changement climatique et le développement durable, chef du département du droit de l'environnement et du droit des ressources, professeure auxiliaire de droit international, Université de Malte, Ioana Botezatu, fonctionnaire internationale - Sécurité Environnementale, Michael Bothe, professeur émérite de droit public, Université Goethe de Francfort, ancien président de l'Association européenne du droit de l'environnement, ancien vice-président de la Commission mondiale du droit de l'environnement de l'UICN, Thomas Boudreau, professeur interdisciplinaire, Université de Salisbury, Maryland, Edith Brown Weiss, Francis Cabell Brown professeure de droit international, Centre de droit, Université de Georgetown, Soukaina Bouraoui, directrice du Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche, Stefano Burchi, président du Conseil exécutif de l'Association internationale pour le droit des ressources en eau, Mingde Cao, professeur, Université chinoise de Sciences politiques et de droit, Joëlle Casanova, ancienne directrice des affaires juridiques et administratives de la Fondation Albert II de Monaco, Fernando Carillo Florez, inspecteur procureur général de Colombie, Nathalie Chalifour, professeure agrégée, Centre du droit de l’environnement et de la durabilité mondiale, Faculté de droit, Université d’Ottawa, Leila Chikhaoui, professeure en droit public, Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales, Tunis, membre de l'Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, Dino Bellorio Clabot, doyen de l’Université de Belgrano, professeur de droit de l’environnement, Sarah H. Cleveland, Louis Henkin professeure des droits humains et constitutionnels, Ecole de droit, Université de Colombia, Marie-Anne Cohendet, constitutionnaliste, professeur de droit public, Ecole de droit de la Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Bradly Condon, professeur, Institut Technologique Autonome de Mexico (ITAM), président fondateur du Centre pour le droit international économique, Carina Costa De Oliveira, professeure, Faculté de droit, Université de Brasília, Neil Craik, professeur associé de droit, Université de Waterloo, Luca D’Ambrosio, chercheur associé au Collège de France, Peter Darak, président de la Cour suprême de Hongrie, Pierre D’Argent, professeur de droit international, Université de Louvain, Membre associé de l'Institut de droit international, Carlos De Miguel Perales, avocat, professeur, Université Pontificia Comillas (ICADE) de Madrid, Olivier De Schutter, professeur, Université Catholique de Louvain et Collège d’Europe, membre du Comité de l’ONU sur les droits économiques, sociaux et culturels, Dr. Bharat H. Desai, professeur de droit international, titulaire de la chaire de recherche en droit international de l’environnement, président du Centre d’études juridiques internationales, Université Jawaharlal Nehru, Leila Devia, professeur de droit international de l'environnement, universités de Salvador et de Buenos Aires, directrice du Centre régional Basel en Amérique du Sud, Stéphane Doumbé-Billé, professeur, Université Jean-Moulin Lyon, Geneviève Dufour, présidente de la Société québécoise de droit international et présidente du Réseau francophone de droit international, professeure agrégée, Faculté de droit, Université de Sherbrooke, Wolfgang Durner, professeur, Institut du droit public, Université de Bonn, Leslie-Anne Duvic Paoli, maître de conférences, Ecole de droit Dickson Pool, King's College London, Jonas Ebbesson, professeur en droit de l’environnement, directeur du Centre de droit et de politique de l'environnement de Stockholm, département de droit, Université de Stockholm, Daniel C. Esty, professeur, Faculté de droit, Université de Yale, Alexandre Faro, avocat au barreau de Paris, Michael Faure, professeur de droit comparé et de droit international de l’environnement, Université de Maastricht, professeur de droit privé comparé et d’économie, Institut du droit et de l’économie (RILE), Université Erasmus, Rotterdam, Wahid Ferchichi, professeur agrégé en droit, Université de Carthage, Rosario Ferrara, professeur, Université LUISS, Rome, Liz Fisher, professeure de droit de l’environnement, Faculté de droit et Collège Corpus Christi, Université d’Oxford, Dan Galpern, Avocat, Eugene, Oregon, Patrícia Galvão Teles, membre de la Commission du droit international des Nations Unies, professeure de droit international, Université autonome de Lisbonne, conseillère juridique en droit international au département juridique du Ministère portugais des affaires étrangères, Maria Gavouneli, professeure agrégée de droit international, Université Nationale et Capodistrienne d’Athènes, Jan Glazewski, professeur, Institut du droit de la mer et de l’environnement, Université de Cape Town, ancien conseiller du ministre des affaires environnementales et du tourisme d’Afrique du Sud, Juan Manuel Gomez Robledo, membre de la Commission du droit international des Nations Unies, Jenny Hall, maître de conférences en droit de l’environnement, Université de Johannesburg, Paule Halley, professeure titulaire, avocate, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l’environnement, Faculté de droit, Université Laval, Québec, Delphine Hedary, ancienne responsable de la préparation de la Charte de l’environnement, ancienne présidente des Etats généraux de la modernisation du droit de l’environnement, Joel Hernandez, membre de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, Isabel Hernandez San Juan, professeure de droit administratif, Université Carlos III de Madrid, Davide Jr. Hilario G., ancien président de la Cour suprême des Philippines, ancien représentant permanent des Nations Unies à New York, Angel Horna, diplomate péruvien et avocat en droit international public, Harold Hongju Koh, Sterling professeur de droit international, Ecole de droit, Université de Yale, ancien conseiller juridique auprès du département d’Etat américain (2009-2013), Océni Hounkpatin Amoussa, juriste en droit de l’environnement, président de l’Association de juristes africains pour l’environnement(AJAPE), Maria Ivanova, professeure agrégée de gouvernance mondiale, directrice du Centre pour la gouvernance et la durabilité, John McCormack École supérieure de politique et d'études mondiales, Université du Massachusetts, Boston, Maria Magdalena Kenig-Witkowska, professeure de sciences juridiques, Université de Varsovie, Yann Kerbrat, professeur, École de droit de la Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur de l’Institut de recherche en droit international et européen de la Sorbonne, , Louis J. Kotze, professeur associé, Université de Nord-Ouest, Afrique du Sud, professeur invité de droit de l’environnement, Université de Lincoln, Royaume-Uni, Pascale Kromarek, avocate, Sophie Lavallée, professeure titulaire, avocate, Faculté de droit, Université Laval, Québec, Marja-Liisa Lehto, membre de la Commission du droit international des Nations Unies, rapporteur spécial sur la protection de l'environnement en relation avec les conflits armés, Qingbao Li, professeur, Université North China Electric Power, Ibrahima Ly, professeur agrégé de droit public et science politique, directeur du Laboratoire d'Etudes et de Recherches en Politiques, Droit de l'Environnement et de la Santé (LERPDES), Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, Université Cheikh Anta Diop Dakar, Sébastien Mabile, Avocat, docteur en droit, président de la commission droit et politiques environnementales de l’UICN France, Luis Fernando Macias Gomez, avocat en droit de l’environnement, président de l´Institut colombien du droit de l´environnement et développement durable, Sandrine Maljean-Dubois, directrice de recherche au CNRS, directrice de l’Unité mixte de recherche droits international, comparé et européen, professeure de droit international, Université d’AixMarseille, Gilles J. Martin, professeur émérite, Université Côte d’Azur, CNRS, GREDEG, Benoit Mayer, maitre de conférences, Université Chinoise de Hong Kong (CUHK), Mohamed Ali Mekouar, vice-président du Centre international de droit comparé de l'environnement, Shinya Murase, membre et rapporteur spécial de la Commission du droit international des Nations Unies, Bouchra Nadir, professeure, Université Mohammed V de Rabat, Martin Ndende, Professeur, Faculté de droit Université de Nantes, avocat-conseil et expert international, conseiller juridique hors-classe aux Nations-Unies, Laurent Neyret, professeur, Université de Versailles Paris Saclay, Nilufer Oral, professeure, Faculté de droit, Université Bilgi Istanbul, membre de la Commission du droit international des Nations Unies, Hermann E. Ott, professeur, responsable du bureau allemand de ClientEarth, Luciano Parejo Alfonso, professeur émérite de droit administratif, Université Carlos III de Madrid, Teresa Parejo Navajas, professeure de droit associée, Université Carlos III de Madrid, conseillère principale du réseau des solutions de développement durable des Nations Unies, Cymie Payne, professeur, Université de Rutgers, Alain Pellet, professeur émérite, Université Paris Nanterre, ancien président de la Commission du droit international des Nations Unies, président de la Société française pour le droit international, membre de l’Institut de droit international, Michel Prieur, président du Centre international de droit comparé de l'environnement, Fabienne Quillere Majzoub, professeure, IODE-CNRS UMR 6262, Université de Rennes 1, Lavanya Rajamani, professeure, Centre d’études politique, New Delhi, Rama S. Rao, ancien directeur de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), Yvan Razafindratandra, conseiller en affaires environnementales, Vincent Reberyrol, professeur de droit, EM Lyon Business School, Eckard Rehbinder, professeur émérite de droit économique et environnemental, Centre de recherche sur le droit de l'environnement, Université Goethe, Francfort, ancien membre et président du Conseil consultatif allemand sur l'environnement, ancien gouverneur régional du Conseil international du droit de l'environnement, José Luis Rey Pérez, professeur agrégé, Faculté de droit, Université Pontificia Comillas (ICADE) de Madrid, Carol Rose, Gordon Bradford Tweedy professeure émérite de droit et d’organisation, maître de conférences, Ecole de droit, Université de Yale, Susan Rose-Ackerman, Henry R. Luce professeure émérite de droit et de sciences politiques, Ecole de droit, Université de Yale, Montserrat Rovalo Otero, professeur de droit de l’environnement, Université autonome du Mexique, Douglas A. Ruley, conseiller général ClientEarth, Gilberto Saboia, membre de la Commission du droit international des Nations Unies, Lisa Sachs, directrice du Centre sur l’investissement durable, Ecole de droit, Université de Colombia, James Salzman, Donald Bren professeur de droit de l’environnement, Ecole de droit, Université de Californie, Los Angeles, Borja Sánchez Barroso, professeur, Faculté de droit, Université Pontificia Comillas (ICADE) de Madrid, Dr. Meinhard Schröder, professeur, Institut de droit de l'environnement et de la technologie, Université de Trèves, Tullio Scovazzi, professeur de droit international, Université de Milan-Bicocca, Tim Stephens, professeur de droit international, Faculté de droit, Université de Sydney, Marcin Stoczkiewicz, avocat, responsable du bureau de l’Europe de l’Ouest et Centrale de ClientEarth, Hennie Strydom, professeur, Université de Johannesburg, président de la branche sud-africaine de l’Association de droit international, Sophie Thériault, professeure agrégée, section de droit civil, Université d’Ottawa, Patrick Thieffry, avocat aux barreaux de Paris et de New York, professeur associé, Ecole de droit de la Sorbonne, James Thornton, président fondateur de ClientEarth, Amado Jr. Tolentino, professeur de droit de l’environnement, Philippines, François-Guy Trebulle, professeur des Universités, directeur de l’Ecole de droit de la Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Eduardo Valencia Ospina, président de la Commission du droit international des Nations Unies, Canfa Wang, professeur, Université de Sciences politiques et de droit de Chine, directeur du Centre d’assistance juridique aux victimes de la pollution de Chine (CLAPV), Gerd Winter, professeur-chercheur, Unité de recherche en droit de l'environnement pour le droit européen de l'environnement, Université de Brême, Guillerma Yanguas Montero, juge espagnole, docteure en droit, Jinfeng Zhou, secrétaire général de la Fondation chinoise pour la conservation de la biodiversité et le développement vert, viceprésident de la World Green Design Organisatio

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31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 12:02

le colloque de Dakar du 4 mai 2018 (L'Afrique s'engage pour l'environnement), en présence de Laurent Fabius et de SEM. le Président de la République du Sénégal Macky Sall, a été un franc succès : il s'est achevé par la proclamation de l'Appel de Dakar ci-dessous

 

1. En 2015, l’adoption des Objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris sur le climat a créé une dynamique mondiale nouvelle en faveur de la protection de l’environnement. Ces textes ont marqué des avancées majeures. Toutefois, les atteintes à l’environnement persistent et sont d’une gravité particulièrement préoccupante. Les années 2016 et 2017 ont été marquées par des températures record. La biodiversité continue de se dégrader à grande vitesse.

 

2. Les pays en développement sont les premiers touchés par les effets de la dégradation de l’environnement. Le continent africain est menacé par l’érosion côtière, la pollution de l’air et de l’eau, la sécheresse et la déforestation. Ces menaces exposent des populations à la famine et à la pauvreté. Elles poussent des populations à l’exil et entraînent des conflits meurtriers. L’Afrique pourrait perdre plus de la moitié de ses espèces d’oiseaux et de mammifères d’ici 2050. Face à cette situation, il y a urgence à ce que la communauté internationale renforce son action. L’équité intragénérationnelle et intergénérationnelle, la solidarité et la justice constituent autant d’exigences face à la dégradation de l’environnement et à ses conséquences.

 

3. La terre forme un écosystème dans lequel tout est lié. Le dérèglement du climat a des répercussions sur la biodiversité ; la déforestation a un impact sur la pollution de l’air ; les pratiques agricoles influent sur la dégradation des sols. Plus largement, l’homme entretient une relation d’interdépendance avec la nature. Il s’inscrit dans un système complexe dont il ne peut s’isoler. C’est pourquoi la crise écologique appelle une réponse systémique et globale. Dans un contexte caractérisé par la multiplication de règles environnementales techniques et spécialisées, nous avons aujourd’hui besoin d’un texte général posant les principes fondamentaux que le monde entier doit respecter pour renforcer la protection de l’environnement.

 

4. C’est le sens du projet de Pacte mondial pour l’environnement. Les principes fondamentaux en matière d’environnement ont été consacrés dans divers textes, comme la Charte mondiale de la nature de 1982 ou la Déclaration de Rio de 1992. Toutefois ces textes n’ont pas pour le moment de valeur juridique. Ces principes sont connus : droit à un environnement sain, devoir de prendre soin de la nature, prévention, précaution, réparation des dommages à l’environnement, information ou encore participation du public. Ces principes font l’objet d’un large consensus. C’est pourquoi la communauté internationale des juristes appelle depuis plus de trente ans les Etats à consacrer ces principes dans un véritable traité ayant une valeur juridique, de manière à inspirer, dans chaque Etat, l’action des législateurs et des juges nationaux.

 

5. Après les deux Pactes internationaux adoptés par l’ONU en 1966, relatifs l’un aux droits civils et politiques, et l’autre aux droits économiques, sociaux et culturels, nous appelons à l’adoption d’un troisième Pacte, consacrant une troisième génération d’engagements fondamentaux : les droits et devoirs des citoyens et des gouvernants liés à la protection de l’environnement. Ce Pacte constituerait le premier traité global sur l’environnement.

 

6. Considérant qu’est désormais urgent le temps de l’action, nous appelons : - les Etats à s’engager dans la voie de la négociation puis de l’adoption d’un Pacte mondial pour l’environnement ; - tous les acteurs non étatiques, collectivités territoriales, entreprises, société civile, organisations non gouvernementales, universités et citoyens à jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre la dégradation de l’environnement.

 

Dakar, le 4 mai 2018

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24 février 2017 5 24 /02 /février /2017 10:48

En seulement dix ans, la population de pachydermes du parc de Minkébé, l’un de leurs derniers refuges, a chuté de près de 80 %.

Plus trapu que son cousin de savane, l’éléphant de forêt occupe une place essentielle dans la biodiversité : en consommant des fruits, il en prédigère les graines, et les rejette dans ses excréments, favorisant ainsi leur germination et leur dissémination. Les effectifs exacts de ce pachyderme qui réside dans les forêts d’Afrique centrale ont longtemps été méconnus, son habitat compliquant les recensements. Mais une étude publiée en 2013 suggérait déjà que ses populations s’étaient fortement réduites, passant de 500 000 individus en 1993 à moins de 100 000 vingt ans plus tard.

Une nouvelle étude suggère que le cauchemar continue pour les éléphants de forêt, et cela jusque dans l’un de leurs principaux refuges, le parc naturel de Minkébé, au nord du Gabon. En 2013, l’Agence nationale gabonaise des parcs nationaux (ANPN) avait annoncé que 11 000 éléphants y avaient été tués entre 2004 et 2012. Un nouvel inventaire du parc, publié dans la revue scientifique américaine Current Biology, est infiniment plus inquiétant : 25 000 éléphants auraient été massacrés entre 2004 et 2014, soit quatre éléphants sur cinq. Une mauvaise nouvelle pour l’espèce, qui s’avère encore plus menacée qu’on l’imaginait jusque-là.

Compter les déjections

 

Les paysages de Minkébé ne laissent pas indifférent : ce plateau forestier de 8 000 km2, quasi inhabité, est maillé de milliers de cours d’eau, hérissé de hautes collines rocheuses et parsemé de clairières marécageuses où s’abreuvent les éléphants. Une région si peu accessible que ses frontières avec le Cameroun et le Congo semblent virtuelles. Chaque année, les gardes y retrouvent quelques dizaines de cadavres sans défenses. Une goutte de sang dans l’océan du braconnage.

« Pendant plus d’un an, vingt-cinq personnes ont arpenté le parc et sa zone tampon en comptant les crottes d’éléphants, afin d’estimer leur nombre », raconte le principal auteur de l’étude, John Poulsen, chercheur à l’université de Duke (Etats-Unis) et collaborateur de l’ANPN. Pour conforter ce recensement, les chercheurs l’ont confronté à un modèle qui tient compte de l’influence de la pluie sur la dégradation des déjections. Les deux résultats concordent presque parfaitement : il ne restait en 2014 qu’environ 7 000 éléphants à Minkébé, contre 32 000 dix ans plus tôt.

Ce résultat semble solide. Notamment parce que ses auteurs figurent parmi les meilleurs spécialistes de l’éléphant de forêt, à commencer par l’explorateur américain Mike Fay, dont une rencontre avec l’animal a failli lui coûter la vie en 2003. Trois ans plus tôt, il avait relié à pied le Congo à la côte gabonaise. Un périple en forêt de 455 jours (3 200 km) qui lui avait permis de convaincre le président gabonais Omar Bongo d’agir : 13 parcs nationaux ont été créés en 2002, dont celui de Minkébé. Depuis, Mike Fay réside en partie au Gabon, au service de l’ANPN.

« Un flux de 200 à 300 kg d’ivoire par semaine »

 

« Nous avions tiré la sonnette d’alarme sur Minkébé en 2012 », raconte Luc Mathot, de Conservation International, une ONG qui défend l’application et le renforcement des lois de protection des espaces naturels. Lui aussi s’est installé au Gabon, il y a près de sept ans. « Nos évaluations n’ont rien de scientifique – on nous a beaucoup critiqués pour cela – mais nous avions observé un flux de 200 à 300 kg d’ivoire par semaine en différents points de passage près du parc. Cela représentait l’équivalent de 1 000 éléphants tués chaque année à Minkébé, en plein parc national ! »

Après une décennie de tolérance coupable, les autorités gabonaises ont repris la main en 2011, en s’attaquant à l’orpaillage clandestin qui sévit en lisière du parc, à une quarantaine de kilomètres du Cameroun. L’armée et les gendarmes gabonais ont expulsé plus de six mille personnes qui vivaient dans une véritable ville en pleine forêt. « C’était indispensable car toute présence en forêt ouvre des pistes de communication qui facilitent le braconnage », souligne John Poulsen. En dépit de l’interdiction du commerce international de l’ivoire depuis 1989, la Chine continue de s’approvisionner en Afrique : les cours ont même triplé entre 2010 et 2014, à près de 2 100 dollars le kg. Heureusement, la tendance s’inverse, et fin 2017, tout commerce d’ivoire sera, en principe, interdit en Chine.

« Cette évolution est une bonne nouvelle. Mais le Gabon doit agir pour sauver ses derniers éléphants », prévient Luc Mathot. En 2012, le président Ali Bongo, qui a succédé à son père en 2009, avait annoncé, à grand renfort de publicité, un net durcissement des peines pour braconnage. « Mais la loi n’a jamais été promulguée, et les trafiquants ne risquent que quelques mois de prison. » Plus grave, alors que le parc de Minkébé semble mieux surveillé, le Gabon a continué d’autoriser des concessions forestières aux alentours. « Beaucoup ont été accordées à des sociétés chinoises très douteuses qui laissent leurs pistes ouvertes aux braconniers, quand elles ne participent pas directement au trafic, en pratiquant la corruption. » En 2012, deux conteneurs de bois provenant du Cameroun ont été interceptés à Hongkong, plaque tournante du trafic. « Ils contenaient 4 tonnes d’ivoire en partie d’origine gabonaise », précise Luc Mathot.

 

Par Denis Delbecq (journaliste au Temps)

LE MONDE Le 21.02.2017 à 12h00

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7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 17:27

 

 

Trois jours après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique, qui engage proportionnellement chaque signataire à réduire ses émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C, la 22e conférence sur le climat de l’ONU s’ouvre aujourd’hui 7 novembre à Marrakech, au Maroc.

Cette COP22 aura entre autres enjeux, de préciser d’une part, les règles de mise en œuvre de l’accord de Paris et de se mettre d’accord sur la date de finalisation de ces règles communes; et d’autre part, de faire le point sur les engagements volontaires pris par les pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et contrer les effets du réchauffement.

Au Maroc, les délégations devraient également évoquer la lancinante question des financements. Les pays industriels ayant promis en 2009 à la conférence de Copenhague aux pays en développement ( notamment Africains) de mobiliser au moins 100 milliards de dollars (90 milliards d’euros) par an, d’ici à 2020, de financement climat du Nord vers le Sud.

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7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 04:40
Pour sauver les éléphants d'Afrique, Washington interdit le commerce de l'ivoire


Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 2 Juin 2016 une interdiction quasi totale du commerce de l'ivoire sur leur territoire, affirmant leur volonté de s'attaquer au trafic des défenses d'éléphants africains menacés d'extinction par le braconnage.

"Nous espérons que les autres nations vont agir rapidement et de manière décisive pour arrêter le flot d'ivoire en mettant en œuvre des réglementations similaires", a déclaré la ministre américaine des Affaires intérieures et des Ressources naturelles, Sally Jewell. Celle-ci vise plus particulièrement la Chine, qui représente 70% de la demande et a dit vouloir également davantage réglementer ce marché.

De telles mesures "sont cruciales pour que nos petits-enfants et leurs enfants puissent connaître ces espèces emblématiques", a-t-elle ajouté.

Le Service de la pêche et de la vie sauvage (USFW), qui fait partie du ministère des Affaires intérieures, complète ainsi un processus de règlementations dans le cadre de la loi sur les espèces en danger (ESA).

Cette interdiction du commerce de l'ivoire aux Etats-Unis met en œuvre des restrictions énoncées dans le décret du président Barack Obama de 2013 visant à combattre le trafic des espèces sauvages. "Elle limite ainsi très fortement l'importation, l'exportation et les ventes d'ivoire d'éléphants africains entre les Etats américains".

"Cette mesure ferme un canal important pour les trafiquants en éliminant la couverture du commerce légal d'ivoire", a expliqué Dan Ashe, le directeur de l'USFW. "Nous avons encore beaucoup à faire pour sauver cette espèce mais aujourd'hui est une bonne journée pour l'éléphant africain".

Cette interdiction de commerce comporte toutefois quelques exceptions, comme des instruments de musique, des meubles et des armes contenant moins de 200 grammes d'ivoire. Des pièces anciennes, datant d'au moins un siècle, sont également exemptées.

Cette règlementation limite aussi l'importation de trophées de chasse à seulement deux par an et par chasseur. Il n'y avait pas de limite en la matière jusqu'alors.

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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 11:46
Djibouti sur le point de perdre son unique forêt

La forêt du Day, l’unique de Djibouti, vestige d’une forêt primaire, située au nord, dans le golfe de Tadjourah, est un écosystème en danger.

Des feux pastoraux au 18ème siècle et l’éruption volcanique de 1862 ont réduit sa superficie qui est passée d’environ 7.500 ha, voici un peu plus de 200 ans, à 1 500 ha en 1984 et à moins de 900 ha aujourd’hui.Composé de genévriers, d’acacias et d’oliviers sauvages et culminant à plus de 1 700 m d’altitude, cet écosystème qui est l’unique forêt de Djibouti demeure l’une des dernières forêts primaires du continent.

Pour répondre à la menace qui plane désormais sur cette forêt, une loi a été votée qui lui attribue un statut d’aire protégée, ainsi qu’à d’autres écosystèmes inventoriés dans le cadre d’un programme appelé Monographie nationale. Pour ce qui est de la forêt du Day, le ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’environnement recherche actuellement des financements pour entreprendre des actions de préservation.

Houssein Rirache, directeur de l’Environnement dans ce ministère, précise qu’avec la collaboration du ministère de l’Agriculture, des zones de mises en défense ont d’ores et déjà été délimitées et des actions ont été entreprises auprès de la population pour la sensibiliser sur l’importance de la biodiversité.

Simultanément, un recensement des espèces animales et végétales de la forêt du Day a été réalisé avec l’assistance du Muséum américain.Il en résulte que l’espèce la plus menacée dans cette forêt est le genévrier qui, sous l’action de l’homme et des animaux domestiques, est en voie de disparition.

L’action de l’homme accentuée par la surpopulation et le manque de pluies sont d’ailleurs les principales causes de la dégradation de la forêt. »Mais, un phénomène bien plus dangereux s’est amplifié durant cette décennie : c’est l’utilisation des arbres abattus pour faire du charbon de bois qui, malgré l’interdiction et la loi, perdure et désertifie ce pays », s’alarme Houssein Rayaleh de l’Association Djibouti nature.

Autres solutions
Les équipes du Programme de mobilisation des eaux de surface du ministère de l’Agriculture et de gestion durable des terres (PRODERMO) ont entrepris des opérations de replantation de 5 000 genévriers pour régénérer la forêt , mais les jeunes pousses croissent lentement à cause des conditions climatiques.Par conséquent, « La forêt continue de mourir à petits feux « , constate Houssein Rayaleh qui estime qu’il faut « proposer aux populations d’autres solutions »

Il s’agit par exemple de les encourager à reboiser la forêt en contrepartie d’un programme de microcrédit et de payement de cash , mais aussi les aider développer des activités comme l’apiculture et la production de poulets et d’œufs, une approche qui a déjà été implémentée dans d’autres régions du pays.Déjà, en 2007, le gouvernement a conduit un programme programme d’adduction d’eau qui a mis fin au spectre de la soif et qui a permis à de nombreuses familles de développer un potager familial dans la région.

Depuis cette date, la population a commencé à prendre conscience des dangers que représente la déforestation et a limité ses actions néfastes.
La forêt du Day fait partie des forêts reliques de genévrier existant en Afrique de l’Est, le long de la péninsule arabique et de la vallée du grand rift. A plusieurs égards elle constitue un écosystème particulier de Djibouti.L’Association Djibouti nature, après un travail de plaidoyer sur le terrain concernant sa préservation, a réussi à élever au rang de symbole national le francolin de Djibouti, gravement menacé d’extinction.

Une pièce de deux cent cinquante francs Djibouti, frappée à l’effigie de cet oiseau ne vivant qu’à Djibouti et nulle part ailleurs dans le monde, a d’ailleurs été mise en circulation par la banque centrale en avril 2013.

(AIP17/03/16)

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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 17:45
DÉVASTATION DES RESSOURCES NATURELLES DANS LE NORD-BÉNIN: LES MAIRES DU BORGOU-ALIBORI TIRENT LA SONNETTE D’ALARME

Les ressources de la faune et de la flore se dégarnissent de jour en jour, malgré les textes et mesures de préservation. Les départements du Borgou-Alibori sont particulièrement touchés. Les maires alertent à travers un réquisitoire sévère contre l’administration forestière.

«Si rien n’est fait, le Nord-Bénin sera d’ici à cinquante ans le désert et le Sud, le Sahel. La commune de Karimama est la plus exposée, c’est la porte du désert au Bénin». C’est en ces termes que Moussa Maman Bello, maire de Karimama, attire l’attention sur le danger que court le pays face au phénomène de la déforestation et du braconnage au Bénin. «A l’allure où vont les choses, nous risquons de disparaître», alarme Inoussa Dandakoé, maire de Malanville. C’était à la faveur de la première session du Conseil départemental de concertation et de coordination (Cdcc) du Borgou-Alibori au titre de l’année 2016 tenue en début de semaine à la préfecture de Parakou, consacrée entre autres à la décentralisation et la gestion des ressources naturelles. En fait, malgré la multiplicité des acteurs dans la gestion des forêts, le constat est alarmant avec la destruction massive des ressources naturelles, reconnaît le colonel Boukari Adam Ouarakpé, chef de l’inspection forestière du Borgou-Alibori. Il n’en veut pour preuve que la méthode d’incinération des arbres pour l’installation des cultures, l’abattage anarchique et frauduleux des bois forestiers, l’empiètement ou l’invasion agricole, l’utilisation abusive des produits chimiques, les feux tardifs de broussailles, la pollution de l’eau, autant de pratiques qui ravagent le couvert végétal et la faune. Agents forestiers et autorités communales se rejettent mutuellement le tort.
Conscients du rôle de la commune dans la création, l’entretien des plantations, des espaces verts et de tout aménagement public visant à l’amélioration du cadre de vie, les élus locaux n’entendent pas laisser poursuivre le massacre des ressources naturelles qui drainent chaque année des centaines d’éco-touristes, notamment vers les parcs nationaux de la Pendjari et du W.

Triste réalité

Les maires déplorent que les communes n’aient pas les coudées franches pour veiller à la protection des ressources naturelles, notamment des forêts, des sols, de la faune, des ressources hydrauliques, des nappes phréatiques en vue de leur meilleure utilisation. Ils dénoncent la gestion qui en est faite. «Je suis déçu de la gestion des exploitations forestières qui devraient générer des dividendes à la commune», s’indigne Gaston Gobi Yorou, maire de N’dali. «Nous élus locaux des communes riveraines des ressources naturelles, sommes tenus à l’écart du partage des ressources générées», enfonce Inoussa Dandakoé. Le maire de Pèrèrè partage également cet avis. «Des bois quittent en masse la commune de Pèrèrè pour le Nigeria voisin avec la complicité des agents forestiers. Même la taxe du développement local (Tdl), ils ne paient pas. Les populations n’en profitent pas; la commune non plus», laisse entendre Mariétou Tamba. Le maire de Ségbana, Guéné Orou Sé, s’en désole, lui aussi, en alertant sur les incursions prédatrices dans la forêt classée des Trois-Rivières dans la localité.
L’insouciance des populations riveraines face aux effets néfastes de la désertification et leur participation à la déforestation sont remarquables et appellent à poursuivre les actions de sensibilisation et surtout de répression. Dans un seul village dans la commune Nikki, il a été dénombré vingt-six propriétaires de tronçonneuses ; des gens ont même vendu leur moto pour s’acheter des tronçonneuses, informe le maire Oumarou Lafia Boubakari. Plus de trente villages sont créés dans la zone tampon du parc du W à Karimama, là où les activités humaines sont pourtant interdites et ce, au vu et au su de tout le monde, dénonce le maire Moussa Maman Bello. La faune et la flore des parcs nationaux, des forêts classées et autres restent dangereusement menacées par la pression anthropique et le changement climatique.

Cupidité et complicité

Plus grave, ce sont les agents des eaux et forêts qui sont indexés comme complices de la dévastation des ressources naturelles. «Des exploitants forestiers sont en intelligence avec des forestiers professionnels pour les coupes tous azimuts d’arbres», fustige le maire de Malanville, Inoussa Dandakoé. «Aujourd’hui, il n’y a pas meilleur exploitant forestier qu’un agent forestier», renchérit un chef d’arrondissement de Parakou. Le maire de Karimama abonde dans le même sens et fait savoir qu’il a même surpris un agent assermenté qui est rentré dans le parc du W avec une tronçonneuse qu’il a saisie et qu’il a failli le boxer. «C’est comme un médecin qui tue un malade. C’est quoi ce pays où tout est permis ? Les gens viennent souvent avec des autorisations de Cotonou et disent avoir affaire avec le ministère. Les Nigériens traversent le fleuve et viennent tout détruire... C’est difficile de trouver du baobab, du jujubier aujourd’hui. Les essences vieilles disparaissent. Les animaux que j’ai connus quand j’étais enfant, on en voit plus même les cornes traîner quelque part. Ils ont tout ravagé avec la complicité des agents assermentés. C’est scandaleux», s’indigne Moussa Maman Bello de la commune de Karimama.
«Aujourd’hui, des forestiers sont aussi riches que des douaniers dans ce commerce d’exploitation illégale. Si le commerçant qui se fait arrêter par un douanier peut lui au moins parler, la nature, elle, est muette et on la pille», signale Salamatou Kora Ponou, préfet du Borgou-Alibori. «On est envahi par une cupidité qui amène les forestiers à ne pas jouer leur rôle», dira Guéné Orou Sé. «Même quand vous saisissez les tronçonneuses et que vous les amenez à la brigade, elles se retrouvent trois jours après sur le terrain», indique-t-il.
Le chef de l’inspection forestière du Borgou-Alibori admet que la situation est critique mais il ne conçoit pas que les autorités communales jettent uniquement le tort sur les agents forestiers. «Dans toute corporation, il y a des brebis galeuses mais cela ne suffit pas pour mettre tous les agents dans le même panier», réfute le colonel Boukari Adam Ouarakpé. «Ce qui importe, préconise-t-il, c’est qu’on regarde dans la même direction pour une convergence d’actions afin de sauvegarder ce qui est encore là, qu’on travaille la main dans la main pour arrêter la saignée.» ?

Écrit par Claude Urbain PLAGBETO A/R Borgou-Alibori

Publié dans Environnement

vendredi, 05 février 2016

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16 février 2016 2 16 /02 /février /2016 11:00
Le trafic d'ivoire en Afrique très concentré et contrôlé par quelques barons

Le trafic illégal d'ivoire en Afrique qui menace la survie des éléphants est très concentré géographiquement et contrôlé par quelques barons, ont déterminé des scientifiques avec des analyses ADN des défenses saisies.

"Ce qui nous a tous surpris c'est que ces données génétiques suggèrent que le nombre de barons contrôlant ce trafic est relativement petit car la plus grande partie se concentre dans un endroit", a expliqué dimanche Samuel Wasser, professeur de biologie à l'Université de Washington à la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS), réunie ce week-end à Washington.

Il a mis au point une nouvelle technique d'analyse d'ADN basée sur une vaste banque de données des troupeaux --objet d'une publication dans la revue Science en 2015--, qui a montré pour la première fois que la plus grande partie du trafic d'ivoire provient ces dernières années du braconnage des éléphants dans deux régions d'Afrique.

Ce chercheur a déterminé que 85% des défenses d'éléphants de forêt interceptées de 2006 à 2014 venaient d'une zone protégée s'étendant entre le Cameroun, le Congo et le Gabon. Et plus de 85% de l'ivoire d'éléphants de savane provenait d'Afrique de l'Est, surtout de Tanzanie.

De plus récentes analyses de 200 échantillons de toutes les saisies importantes depuis 2006, montrent que les trafiquants font sortir leurs prises très rapidement du pays où s'est produit le braconnage. Cette recherche a aussi révélé que dans quatorze cas les défenses provenant du même éléphant avaient été saisies dans deux différents chargements.

Les analyses ADN ont en outre révélé que toutes ces défenses ont transité par Mombasa au Kenya, a précisé le professeur Wasser, notant que ces transferts aidaient à camoufler l'origine des cargaisons.

"Cela signifie que le nombre de barons est assez limité car les points chauds du braconnage sont très réduits et que ce trafic est aussi probablement contrôlé par un ou deux trafiquants qui font transiter tout cet ivoire par Mombasa, la plus grande plaque tournante de ce transit en Afrique actuellement", a-t-il précisé.

Grâce à ces analyses ADN "nos travaux ont déjà permis de neutraliser l'un des plus grands trafiquants d'ivoire d’Afrique de l'Ouest et nous sommes actuellement sur la piste du probablement plus gros trafiquant du continent africain", a ajouté le scientifique. Il a souligné la difficulté de combattre ce crime organisé transnational formé de réseaux sophistiqués et de groupes criminels experts dans la contrebande.

Environ 50.000 éléphants sont tués annuellement en Afrique par des braconniers sur une population restante de seulement 450.000, précise le professeur Wasser.
-Manque de volonté politique en Asie-

Le braconnage et le commerce d'espèces sauvages protégées est la quatrième plus grande activité criminelle internationale juste après le trafic des armes, de drogue et d'êtres humains, a-t-il précisé. Ce commerce illégale pèse 20 milliards de dollars par an dont trois milliards pour l'ivoire, a-t-il indiqué.

Allan Thornton, président de l'ONG, Environmental Invesitagation Agency, relève que "les efforts entrepris pour tenter de contrôler le commerce illicite de l'ivoire se sont soldés par un échec (...) car ce trafic est trop puissant et rentable".

"La seule mesure efficace de conservation (...) qui a mis fin pendant huit ans à ce trafic a été l'interdiction internationale du commerce de l'ivoire en 1989" quand 70.000 éléphants étaient tués chaque année et que la moitié de la population avait été décimée pendant la décennie précédente pour passer de 1,3 million à 624.000, a-t-il dit lors de cette même conférence de presse.

Pendant cette interdiction, les éléphants ont commencé à reconstituer leur population, a rappelé l'environnementaliste.

Mais quand elle a été en partie levée en 1997 sous, selon lui, la pression du Japon, le braconnage des éléphants a recommencé.

Il s'est nettement accéléré après que la Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore a autorisé en 2008 la vente d'ivoire au Japon et en Chine par trois pays africains du sud du continent.

Le professeur Wasser estime qu'il faut "se concentrer sur les plus grands responsables de ce trafic et que la communauté internationale doit pour cela peser de tout son poids".

Mais William Clark, un ancien membre d'Interpol dans le service de lutte contre le trafic illégal d'ivoire, a accusé dimanche l'Asie de "manquer de volonté politique".

Selon lui, "l'Asie n'assume pas ses responsabilités pour se saisir de ce problème, en laissant le fardeau sur les épaules des Africains".

La Chine représente plus de 70% de la demande mondiale d'ivoire.

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17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 12:16

Les Parties au présent Accord,

Étant parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ci-après dénommée « la Convention »,

Agissant en application de la plateforme de Durban pour une action renforcée adoptée par la décision 1/CP.17 de la Conférence des Parties à la Convention à sa dix-septième session,

Soucieuses d’atteindre l’objectif de la Convention, et guidées par ses principes, y compris le principe de l’équité et des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux différents,

Reconnaissant la nécessité d’une riposte efficace et progressive à la menace pressante des changements climatiques en se fondant sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles,

Reconnaissant aussi les besoins spécifiques et la situation particulière des pays en développement parties, surtout de ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques, comme le prévoit la Convention,

Tenant pleinement compte des besoins spécifiques et de la situation particulière des pays les moins avancés en ce qui concerne le financement et le transfert de technologies,

Reconnaissant que les Parties peuvent être touchées non seulement par les changements climatiques, mais aussi par les effets des mesures de riposte à ces changements,

Soulignant qu’il existe des liens intrinsèques entre l’action et la riposte face aux changements climatiques et à leurs effets et un accès équitable au développement durable et à l’élimination de la pauvreté,

Reconnaissant la priorité fondamentale consistant à protéger la sécurité alimentaire et à venir à bout de la faim, et la vulnérabilité particulière des systèmes de production alimentaire aux effets néfastes des changements climatiques,

Tenant compte des impératifs d’une transition juste pour la population active et de la création d’emplois décents et de qualité conformément aux priorités de développement définies au niveau national,

Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des mesures face à ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations,

Reconnaissant l’importance de la conservation et, le cas échéant, du renforcement des puits et réservoirs des gaz à effet de serre visés dans la Convention,

Notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la protection de la biodiversité, reconnue par certaines cultures comme la Terre nourricière, et notant l’importance pour certaines de la notion de « justice climatique », dans l’action menée face aux changements climatiques,

Affirmant l’importance de l’éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la participation du public, de l’accès de la population à l’information et de la coopération à tous les niveaux sur les questions traitées dans le présent Accord,

Reconnaissant l’importance de la participation des pouvoirs publics à tous les niveaux et des divers acteurs, conformément aux législations nationales respectives des Parties, dans la lutte contre les changements climatiques,

Reconnaissant également que des modes de vie durables et des modes durables de consommation et de production, les pays développés parties montrant la voie, jouent un rôle important pour faire face aux changements climatiques,

Sont convenues de ce qui suit :

Article premier

Aux fins du présent Accord, les définitions énoncées à l’article premier de la Convention sont applicables. En outre :

1. On entend par « Convention » la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, adoptée à New York le 9 mai 1992;

2. On entend par « Conférence des Parties » la Conférence des Parties à la Convention;

3. On entend par « Partie » une Partie au présent Accord.

Article 2

1. Le présent Accord, en contribuant à la mise en œuvre de la Convention, notamment de son objectif, vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en :

a) Contenant l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

b) Renforçant les capacités d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques et en promouvant la résilience à ces changements et un développement à faible émission de gaz à effet de serre, d’une manière qui ne menace pas la production alimentaire;

c) Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques.

2. Le présent Accord sera appliqué conformément à l’équité et au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.

Article 3

À titre de contributions déterminées au niveau national à la riposte mondiale aux changements climatiques, il incombe à toutes les Parties d’engager et de communiquer des efforts ambitieux au sens des articles 4, 7, 9, 10, 11 et 13 en vue de réaliser l’objet du présent Accord tel qu’énoncé à l’article 2. Les efforts de toutes les Parties représenteront, à terme, une progression, tout en reconnaissant la nécessité d’aider les pays en développement parties pour que le présent Accord soit appliqué efficacement.

Article 4

1. En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2, les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage de temps pour les pays en développement parties, et à opérer des réductions rapidement par la suite conformément aux meilleures données scientifiques disponibles de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle, sur la base de l’équité, et dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

2. Chaque Partie établit, communique et actualise les contributions déterminées au niveau national successives qu’elle prévoit de réaliser. Les Parties prennent des mesures internes pour l’atténuation en vue de réaliser les objectifs desdites contributions.

3. La contribution déterminée au niveau national suivante de chaque Partie représentera une progression par rapport à la contribution déterminée au niveau national antérieure et correspondra à son niveau d’ambition le plus élevé possible, compte tenu de ses responsabilités communes mais différenciées et de ses capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.

4. Les pays développés parties continuent de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie. Les pays en développement parties devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation, et sont encouragés à passer progressivement à des objectifs de réduction ou de limitation des émissions à l’échelle de l’économie eu égard aux contextes nationaux différents.

5. Un appui est fourni aux pays en développement parties pour l’application du présent article, conformément aux articles 9, 10 et 11, étant entendu qu’un appui renforcé en faveur des pays en développement parties leur permettra de prendre des mesures plus ambitieuses.

6. Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement peuvent établir et communiquer des stratégies, plans et mesures de développement à faible émission de gaz à effet de serre correspondant à leur situation particulière.

7. Les retombées bénéfiques, dans le domaine de l’atténuation, des mesures d’adaptation et/ou des plans de diversification économique des Parties peuvent contribuer aux résultats d’atténuation en application du présent article.

8. En communiquant leurs contributions déterminées au niveau national, toutes les Parties présentent l’information nécessaire à la clarté, la transparence et la compréhension conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les décisions pertinentes de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

9. Chaque Partie communique une contribution déterminée au niveau national tous les cinq ans conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les décisions pertinentes de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris et en tenant compte des résultats du bilan mondial prévu à l’article 14.

10. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris examine des calendriers communs pour les contributions déterminées au niveau national à sa première session.

11. Une Partie peut à tout moment modifier sa contribution déterminée au niveau national afin d’en relever le niveau d’ambition, conformément aux directives adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

12. Les contributions déterminées au niveau national communiquées par les Parties sont consignées dans un registre public tenu par le secrétariat.

13. Les Parties rendent compte de leurs contributions déterminées au niveau national. Dans la comptabilisation des émissions et des absorptions anthropiques correspondant à leurs contributions déterminées au niveau national, les Parties promeuvent l’intégrité environnementale, la transparence, l’exactitude, l’exhaustivité, la comparabilité et la cohérence, et veillent à ce qu’un double comptage soit évité, conformément aux directives adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

14. Dans le contexte de leurs contributions déterminées au niveau national, lorsqu’elles indiquent et appliquent des mesures d’atténuation concernant les émissions et les absorptions anthropiques, les Parties devraient tenir compte, selon qu’il convient, des méthodes et des directives en vigueur conformément à la Convention, compte tenu des dispositions du paragraphe 13 du présent article.

15. Les Parties tiennent compte, dans la mise en œuvre du présent Accord, des préoccupations des Parties dont l’économie est particulièrement touchée par les effets des mesures de riposte, en particulier les pays en développement parties.

16. Les Parties, y compris les organisations régionales d’intégration économique et leurs États membres, qui se sont mises d’accord pour agir conjointement en application du paragraphe 2 du présent article, notifient au secrétariat les termes de l’accord pertinent, y compris le niveau d’émissions attribué à chaque Partie pendant la période considérée, au moment de communiquer leurs contributions déterminées au niveau national. Le secrétariat informe à son tour les Parties à la Convention et les signataires des termes de l’accord.

17. Chaque partie à un accord de ce type est responsable de son niveau d’émissions indiqué dans l’accord visé au paragraphe 16 ci-dessus conformément aux paragraphes 13 et 14 du présent article et aux articles 13 et 15.

18. Si des Parties agissant conjointement le font dans le cadre d’une organisation régionale d’intégration économique qui est elle-même partie au présent Accord, et en concertation avec elle, chaque État membre de cette organisation régionale d’intégration économique, à titre individuel et conjointement avec l’organisation régionale d’intégration économique, est responsable de son niveau d’émissions indiqué dans l’accord communiqué en application du paragraphe 16 du présent article conformément aux paragraphes 13 et 14 du présent article et aux articles 13 et 15.

19. Toutes les Parties s’emploient à formuler et communiquer des stratégies à long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre, en gardant à l’esprit l’article 2 compte tenu de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.

Article 5

1. Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention, notamment les forêts.

2. Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient, les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches.

Article 6

1. Les Parties reconnaissent que certaines Parties décident d’agir volontairement en concertation dans la mise en œuvre de leurs contributions déterminées au niveau national pour relever le niveau d’ambition de leurs mesures d’atténuation et d’adaptation et pour promouvoir le développement durable et l’intégrité environnementale.

2. Les Parties, lorsqu’elles mènent à titre volontaire des démarches concertées passant par l’utilisation de résultats d’atténuation transférés au niveau international aux fins des contributions déterminées au niveau national, promeuvent le développement durable et garantissent l’intégrité environnementale et la transparence, y compris en matière de gouvernance, et appliquent un système fiable de comptabilisation, afin notamment d’éviter un double comptage, conformément aux directives adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

3. L’utilisation de résultats d’atténuation transférés au niveau international pour réaliser les contributions déterminées au niveau national en vertu du présent Accord revêt un caractère volontaire et est soumise à l’autorisation des Parties participantes.

4. Il est établi un mécanisme pour contribuer à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et promouvoir le développement durable, placé sous l’autorité de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, dont il suit les directives, à l’intention des Parties, qui l’utilisent à titre volontaire. Il est supervisé par un organe désigné par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, et a pour objet de :

a) Promouvoir l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre tout en favorisant le développement durable;

b) Promouvoir et faciliter la participation à l’atténuation des gaz à effet de serre d’entités publiques et privées autorisées par une Partie;

c) Contribuer à la réduction des niveaux d’émissions dans la Partie hôte, qui bénéficiera d’activités d’atténuation donnant lieu à des réductions d’émissions qui peuvent aussi être utilisées par une autre Partie pour remplir sa contribution déterminée au niveau national;

d) Permettre une atténuation globale des émissions mondiales.

5. Les réductions d’émissions résultant du mécanisme visé au paragraphe 4 du présent article ne sont pas utilisées pour établir la réalisation de la contribution déterminée au niveau national de la Partie hôte, si elles sont utilisées par une autre Partie pour établir la réalisation de sa propre contribution déterminée au niveau national.

6. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris veille à ce qu’une part des fonds provenant d’activités menées au titre du mécanisme visé au paragraphe 4 du présent article soit utilisée pour couvrir les dépenses administratives ainsi que pour aider les pays en développement parties qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques à financer le coût de l’adaptation.

7. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris adopte des règles, des modalités et des procédures pour le mécanisme visé au paragraphe 4 du présent article à sa première session.

8. Les Parties reconnaissent l’importance de démarches non fondées sur le marché intégrées, globales et équilibrées dont les Parties disposent pour les aider dans la mise en œuvre de leur contribution déterminée au niveau national, dans le contexte du développement durable et de l’élimination de la pauvreté, d’une manière coordonnée et efficace, notamment par l’atténuation, l’adaptation, le financement, le transfert de technologies et le renforcement des capacités, selon qu’il convient. Ces démarches visent à :

a) Promouvoir l’ambition en matière d’atténuation et d’adaptation;

b) Renforcer la participation publique et privée à la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national;

c) Activer des possibilités de coordination entre les instruments et les dispositifs institutionnels pertinents.

9. Il est défini un cadre pour les démarches non fondées sur le marché en matière de développement durable afin de promouvoir les démarches non fondées sur le marché visées au paragraphe 8 du présent article.

Article 7

1. Les Parties établissent l’objectif mondial en matière d’adaptation consistant à renforcer les capacités d’adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire la vulnérabilité à ces changements, en vue de contribuer au développement durable et de garantir une riposte adéquate en matière d’adaptation dans le contexte de l’objectif de température énoncé à l’article 2.

2. Les Parties reconnaissent que l’adaptation est un problème mondial qui se pose à tous, comportant des dimensions locales, infranationales, nationales, régionales et internationales, et que c’est un élément clef de la riposte mondiale à long terme face aux changements climatiques, à laquelle elle contribue, afin de protéger les populations, les moyens d’existence et les écosystèmes, en tenant compte des besoins urgents et immédiats des pays en développement parties qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques.

3. Les efforts d’adaptation des pays en développement parties sont reconnus conformément aux modalités qui seront adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, à sa première session.

4. Les Parties reconnaissent que l’adaptation, à l’heure actuelle et dans une large mesure, est une nécessité, que des niveaux d’atténuation plus élevés peuvent rendre moins nécessaires des efforts supplémentaires dans le domaine de l’adaptation, et que des niveaux d’adaptation plus élevés peuvent supposer des coûts d’adaptation plus importants.

5. Les Parties reconnaissent que l’action pour l’adaptation devrait suivre une démarche impulsée par les pays, sensible à l’égalité des sexes, participative et totalement transparente, prenant en considération les groupes, les communautés et les écosystèmes vulnérables, et devrait tenir compte et s’inspirer des meilleures données scientifiques disponibles et, selon qu’il convient, des connaissances traditionnelles, du savoir des peuples autochtones et des systèmes de connaissances locaux, en vue d’intégrer l’adaptation dans les politiques et les mesures socioéconomiques et environnementales pertinentes, s’il y a lieu.

6. Les Parties reconnaissent l’importance de l’appui et de la coopération internationale aux efforts d’adaptation et la nécessité de prendre en considération les besoins des pays en développement parties, notamment de ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques.

7. Les Parties devraient intensifier leur coopération en vue d’améliorer l’action pour l’adaptation, compte tenu du Cadre de l’adaptation de Cancún, notamment afin :

a) D’échanger des renseignements, des bonnes pratiques, des expériences et des enseignements, y compris, selon qu’il convient, pour ce qui est des connaissances scientifiques, de la planification, des politiques et de la mise en œuvre relatives aux mesures d’adaptation;

b) De renforcer les dispositifs institutionnels, notamment ceux relevant de la Convention qui concourent à l’application du présent Accord, pour faciliter la synthèse des informations et des connaissances pertinentes et la fourniture d’un appui et de conseils techniques aux Parties;

c) D’améliorer les connaissances scientifiques sur le climat, y compris la recherche, l’observation systématique du système climatique et les systèmes d’alerte précoce, d’une manière qui soutienne les services climatiques et appuie la prise de décisions;

d) D’aider les pays en développement parties à recenser les pratiques efficaces et les besoins en matière d’adaptation, les priorités, l’appui fourni et l’appui reçu aux mesures et efforts d’adaptation, ainsi que les problèmes et les lacunes selon des modalités qui promeuvent les bonnes pratiques;

e) D’accroître l’efficacité et la pérennité des mesures d’adaptation.

8. Les institutions et les organismes spécialisés des Nations Unies sont invités à appuyer les efforts des Parties visant à réaliser les mesures définies au paragraphe 7 du présent article, compte tenu des dispositions du paragraphe 5 du présent article.

9. Chaque Partie entreprend, selon qu’il convient, des processus de planification de l’adaptation et met en œuvre des mesures qui consistent notamment à mettre en place ou à renforcer des plans, politiques et/ou contributions utiles, y compris en faisant intervenir :

a) La réalisation de mesures, d’annonces et/ou d’initiatives dans le domaine de l’adaptation;

b) Le processus visant à formuler et réaliser des plans nationaux d’adaptation;

c) L’évaluation des effets des changements climatiques et de la vulnérabilité à ces changements en vue de formuler des mesures prioritaires déterminées au niveau national, compte tenu des populations, des lieux et des écosystèmes vulnérables;

d) Le suivi et l’évaluation des plans, des politiques, des programmes et des mesures d’adaptation et les enseignements à retenir;

e) Le renforcement de la résilience des systèmes socioéconomiques et écologiques, notamment par la diversification économique et la gestion durable des ressources naturelles.

10. Chaque Partie devrait, selon qu’il convient, présenter et actualiser périodiquement une communication sur l’adaptation, où pourront figurer ses priorités, ses besoins en matière de mise en œuvre et d’appui, ses projets et ses mesures, sans imposer de charge supplémentaire aux pays en développement parties.

11. La communication sur l’adaptation dont il est question au paragraphe 10 du présent article est, selon qu’il convient, soumise et actualisée périodiquement, intégrée à d’autres communications ou documents ou présentée parallèlement, notamment dans un plan national d’adaptation, dans une contribution déterminée au niveau national conformément au paragraphe 2 de l’article 3, et/ou dans une communication nationale.

12. La communication relative à l’adaptation mentionnée au paragraphe 10 du présent article est consignée dans un registre public tenu par le secrétariat.

13. Un appui international renforcé est fourni en permanence aux pays en développement parties aux fins de l’application des paragraphes 7, 9, 10 et 11 du présent article, conformément aux dispositions des articles 9, 10 et 11.

14. Le bilan mondial prévu à l’article 14 vise notamment à :

a) Prendre en compte les efforts d’adaptation des pays en développement parties;

b) Renforcer la mise en œuvre de mesures d’adaptation en tenant compte de la communication sur l’adaptation mentionnée au paragraphe 10 du présent article;

c) Examiner l’adéquation et l’efficacité de l’adaptation et de l’appui fourni en matière d’adaptation;

d) Examiner les progrès d’ensemble accomplis dans la réalisation de l’objectif mondial en matière d’adaptation énoncé au paragraphe 1 du présent article.

Article 8

1. Les Parties reconnaissent la nécessité d’éviter et de réduire au minimum les pertes et préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques, notamment les phénomènes météorologiques extrêmes et les phénomènes qui se manifestent lentement, et d’y remédier, ainsi que le rôle joué par le développement durable dans la réduction du risque de pertes et préjudices.

2. Le Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques est placé sous l’autorité de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, dont il suit les directives, et peut être amélioré et renforcé conformément aux décisions de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

3. Les Parties devraient améliorer la compréhension, l’action et l’appui, notamment par le biais du Mécanisme international de Varsovie, selon que de besoin, dans le cadre de la coopération et de la facilitation, eu égard aux pertes et préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques;

4. En conséquence, les domaines de coopération et de facilitation visant à améliorer la compréhension, l’action et l’appui sont notamment les suivants :

a) Les systèmes d’alerte précoce;

b) La préparation aux situations d’urgence;

c) Les phénomènes qui se manifestent lentement;

d) Les phénomènes susceptibles de causer des pertes et préjudices irréversibles et permanents;

e) L’évaluation et la gestion complètes des risques;

f) Les dispositifs d’assurance dommages, la mutualisation des risques climatiques et les autres solutions en matière d’assurance;

g) Les pertes autres que économiques;

h) La résilience des communautés, des moyens de subsistance et des écosystèmes.

5. Le Mécanisme international de Varsovie collabore avec les organes et groupes d’experts relevant de l’Accord, ainsi qu’avec les organisations et les organes d’experts compétents qui n’en relèvent pas.

Article 9

1. Les pays développés parties fournissent des ressources financières pour venir en aide aux pays en développement parties aux fins tant de l’atténuation que de l’adaptation dans la continuité de leurs obligations au titre de la Convention.

2. Les autres Parties sont invitées à fournir ou à continuer de fournir ce type d’appui à titre volontaire.

3. Dans le cadre d’un effort mondial, les pays développés parties devraient continuer de montrer la voie en mobilisant des moyens de financement de l’action climatique provenant d’un large éventail de sources, d’instruments et de filières, compte tenu du rôle notable que jouent les fonds publics, par le biais de diverses actions, notamment en appuyant des stratégies impulsées par les pays et en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement parties. Cette mobilisation de moyens de financement de l’action climatique devrait représenter une progression par rapport aux efforts antérieurs.

4. La fourniture de ressources financières accrues devrait viser à parvenir à un équilibre entre l’adaptation et l’atténuation, en tenant compte des stratégies impulsées par les pays et des priorités et besoins des pays en développement parties, notamment de ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques et dont les capacités sont très insuffisantes comme les pays les moins avancés, et les petits États insulaires en développement, eu égard à la nécessité de prévoir des ressources d’origine publique et sous forme de dons pour l’adaptation.

5. Les pays développés parties communiquent tous les deux ans des informations quantitatives et qualitatives à caractère indicatif ayant trait aux paragraphes 1 et 3 du présent article, selon qu’il convient, notamment, s’ils sont disponibles, les montants prévus des ressources financières publiques à accorder aux pays en développement parties. Les autres Parties qui fournissent des ressources sont invitées à communiquer ces informations tous les deux ans à titre volontaire.

6. Le bilan mondial prévu à l’article 14 prendra en compte les informations pertinentes communiquées par les pays développés parties et/ou les organes créés en vertu de l’Accord sur les efforts liés au financement de l’action climatique.

7. Les pays développés parties communiquent tous les deux ans des informations transparentes et cohérentes sur l’appui fourni aux pays en développement parties et mobilisé par des interventions publiques, conformément aux modalités, procédures et lignes directrices que la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris adoptera à sa première session, comme il est prévu au paragraphe 13 de l’article 13. Les autres Parties sont invitées à faire de même.

8. Le Mécanisme financier de la Convention, y compris ses entités fonctionnelles, remplit les fonctions de mécanisme financier du présent Accord.

9. Les institutions concourant à l’application du présent Accord, y compris les entités fonctionnelles du Mécanisme financier de la Convention, visent à garantir l’accès effectif aux ressources financières par le biais de procédures d’approbation simplifiées et d’un appui renforcé à la préparation en faveur des pays en développement parties, en particulier des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement, dans le cadre de leurs stratégies et leurs plans nationaux relatifs au climat.

Article 10

1. Les Parties partagent une vision à long terme de l’importance qu’il y a à donner pleinement effet à la mise au point et au transfert de technologies de façon à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

2. Les Parties, notant l’importance de la technologie pour la mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation en vertu du présent Accord et prenant acte des efforts entrepris pour déployer et diffuser la technologie, renforcent l’action concertée concernant la mise au point et le transfert de technologies.

3. Le Mécanisme technologique créé en vertu de la Convention concourt à l’application du présent Accord.

4. Il est créé un cadre technologique chargé de donner des directives générales relatives aux travaux du Mécanisme technologique visant à promouvoir et faciliter une action renforcée en matière de mise au point et de transfert de technologies de façon à appuyer la mise en œuvre du présent Accord, aux fins de la vision à long terme mentionnée au paragraphe 1 du présent article.

5. Il est essentiel d’accélérer, d’encourager et de permettre l’innovation pour une riposte mondiale efficace à long terme face aux changements climatiques et au service de la croissance économique et du développement durable. Cet effort sera appuyé, selon qu’il convient, y compris par le Mécanisme technologique et, sous la forme de moyens financiers, par le Mécanisme financier de la Convention, afin de mettre en place des démarches concertées en matière de recherche-développement et de faciliter l’accès des pays en développement parties à la technologie, en particulier aux premiers stades du cycle technologique.

6. Un appui, financier notamment, est fourni aux pays en développement parties aux fins de l’application du présent article, y compris pour le renforcement d’une action concertée en matière de mise au point et de transfert de technologies à différents stades du cycle technologique, en vue de parvenir à un équilibre entre l’appui à l’atténuation et l’appui à l’adaptation. Le bilan mondial prévu à l’article 14 prend en compte les informations disponibles sur les activités d’appui à la mise au point et au transfert de technologies en faveur des pays en développement parties.

Article 11

1. Le renforcement des capacités au titre du présent Accord devrait contribuer à améliorer les aptitudes et les capacités des pays en développement parties, en particulier ceux qui ont les plus faibles capacités, tels que les pays les moins avancés, et ceux qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques comme les petits États insulaires en développement, afin qu’ils puissent lutter efficacement contre les changements climatiques, notamment mettre en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation, et devrait faciliter la mise au point, la diffusion et le déploiement de technologies, l’accès à des moyens de financement de l’action climatique, les aspects pertinents de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation de la population, et la communication transparente et précise d’informations en temps voulu.

2. Le renforcement des capacités devrait être impulsé par les pays, prendre en compte et satisfaire les besoins nationaux et favoriser l’appropriation par les Parties, en particulier pour les pays en développement parties, notamment aux niveaux national, infranational et local. Il devrait s’inspirer des enseignements tirés de l’expérience, notamment des activités de renforcement des capacités menées dans le cadre de la Convention, et représenter un processus efficace, itératif, participatif, transversal et sensible à l’égalité des sexes.

3. Toutes les Parties devraient coopérer en vue d’accroître la capacité des pays en développement parties de mettre en œuvre le présent Accord. Les pays développés parties devraient étoffer l’appui apporté aux mesures de renforcement des capacités dans les pays en développement parties.

4. Toutes les Parties qui s’emploient à accroître la capacité des pays en développement parties de mettre en œuvre le présent Accord, y compris par des démarches régionales, bilatérales et multilatérales, font régulièrement connaître ces mesures ou initiatives de renforcement des capacités. Les pays en développement parties devraient régulièrement informer des progrès réalisés dans l’application de plans, politiques, initiatives ou mesures de renforcement des capacités visant à mettre en œuvre le présent Accord.

5. Les activités de renforcement des capacités sont étoffées par le biais de dispositifs institutionnels appropriés visant à appuyer la mise en œuvre du présent Accord, y compris les dispositifs institutionnels appropriés créés en application de la Convention qui concourent à l’application du présent Accord. À sa première session, la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris examinera et adoptera une décision sur les dispositifs institutionnels initiaux relatifs au renforcement des capacités.

Article 12

Les Parties coopèrent en prenant, selon qu’il convient, des mesures pour améliorer l’éducation, la formation, la sensibilisation, la participation du public et l’accès de la population à l’information dans le domaine des changements climatiques, compte tenu de l’importance que revêtent de telles mesures pour renforcer l’action engagée au titre du présent Accord.

Article 13

1. Afin de renforcer la confiance mutuelle et de promouvoir une mise en œuvre efficace, il est créé un cadre de transparence renforcé des mesures et de l’appui, assorti d’une certaine flexibilité, qui tient compte des capacités différentes des Parties et qui s’appuie sur l’expérience collective.

2. Le cadre de transparence accorde aux pays en développement parties qui en ont besoin, compte tenu de leurs capacités, une certaine flexibilité dans la mise en œuvre des dispositions du présent article. Les modalités, procédures et lignes directrices prévues au paragraphe 13 du présent article tiennent compte de cette flexibilité.

3. Le cadre de transparence s’appuie sur les dispositifs relatifs à la transparence prévus en vertu de la Convention et les renforce en tenant compte de la situation particulière des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement, et doit être mis en œuvre d’une façon qui soit axée sur la facilitation, qui ne soit ni intrusive ni punitive, qui respecte la souveraineté nationale et qui évite d’imposer une charge excessive aux Parties.

4. Les dispositifs relatifs à la transparence prévus en vertu de la Convention, notamment les communications nationales, les rapports biennaux et les rapports biennaux actualisés, l’évaluation et l’examen au niveau international et les consultations et analyses internationales, font partie de l’expérience mise à profit pour l’élaboration des modalités, procédures et lignes directrices visées au paragraphe 13 du présent article.

5. Le cadre de transparence des mesures vise à fournir une image claire des mesures relatives aux changements climatiques à la lumière de l’objectif énoncé à l’article 2 de la Convention, notamment en éclairant et en suivant les progrès accomplis par chaque Partie en vue de s’acquitter de sa contribution déterminée au niveau national au titre de l’article 4 et de mettre en œuvre ses mesures d’adaptation au titre de l’article 7, notamment les bonnes pratiques, les priorités, les besoins et les lacunes, afin d’étayer le bilan mondial prévu à l’article 14.

6. Le cadre de transparence de l’appui vise à donner une image claire de l’appui fourni et de l’appui reçu par chaque Partie concernée dans le contexte des mesures prises à l’égard des changements climatiques au titre des articles 4, 7, 9, 10 et 11, et, dans la mesure du possible, une vue d’ensemble de l’appui financier global fourni, pour étayer le bilan mondial prévu à l’article 14.

7. Chaque Partie fournit régulièrement les informations ci-après :

a) Un rapport national d’inventaire des émissions anthropiques par les sources et des absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre, établi selon les méthodes constituant de bonnes pratiques adoptées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et convenues par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris;

b) Les informations nécessaires au suivi des progrès accomplis par chaque Partie dans la mise en œuvre et la réalisation de sa contribution déterminée au niveau national au titre de l’article 4.

8. Chaque Partie devrait communiquer des informations sur les effets des changements climatiques et sur l’adaptation à ces changements au titre de l’article 7, selon qu’il convient.

9. Les pays développés parties et les autres Parties qui apportent un appui devraient communiquer des informations sur l’appui fourni, sous la forme de ressources financières, d’un transfert de technologies et d’un renforcement des capacités, aux pays en développement parties au titre des articles 9, 10 et 11.

10. Les pays en développement parties devraient communiquer des informations sur l’appui dont ils ont besoin et qu’ils ont reçu, sous la forme de ressources financières, d’un transfert de technologies et d’un renforcement des capacités au titre des articles 9, 10 et 11.

11. Les informations communiquées par chaque Partie au titre des paragraphes 7 et 9 du présent article sont soumises à un examen technique par des experts, conformément à la décision 1/CP.21. Pour les pays en développement parties qui en ont besoin compte tenu de leurs capacités, le processus d’examen les aide à définir leurs besoins en matière de renforcement des capacités. En outre, chaque Partie participe à un examen multilatéral, axé sur la facilitation, des progrès accomplis conformément à l’article 9, ainsi que dans la mise en œuvre et la réalisation de sa contribution déterminée au niveau national.

12. L’examen technique par des experts prévu dans ce paragraphe porte sur l’appui fourni par la Partie concernée, selon qu’il convient, ainsi que sur la mise en œuvre et la réalisation de sa contribution déterminée au niveau national. Il met en évidence les domaines se prêtant à des améliorations chez la Partie concernée et vérifie que les informations communiquées sont conformes aux modalités, procédures et lignes directrices visées au paragraphe 13 du présent article, compte tenu de la flexibilité accordée à la Partie concernée conformément au paragraphe 2 de cet article. Il prête une attention particulière aux capacités et situations nationales respectives des pays en développement parties.

13. À sa première session, en s’appuyant sur l’expérience tirée des dispositifs relatifs à la transparence prévus en vertu de la Convention, et en précisant les dispositions du présent article, la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris adopte des modalités, des procédures et des lignes directrices communes, selon qu’il convient, aux fins de la transparence des mesures et de l’appui.

14. Un appui est fourni aux pays en développement aux fins de la mise en œuvre du présent article.

15. Un appui est également fourni pour renforcer en permanence les capacités des pays en développement parties en matière de transparence.

Article 14

1. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris fait périodiquement le bilan de la mise en œuvre du présent Accord afin d’évaluer les progrès collectifs accomplis dans la réalisation de l’objet du présent Accord et de ses buts à long terme (ci-après dénommé « bilan mondial »). Elle s’y emploie d’une manière globale, axée sur la facilitation, en prenant en considération l’atténuation, l’adaptation, les moyens de mise en œuvre et l’appui et en tenant compte de l’équité et des meilleures données scientifiques disponibles.

2. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris procède à son premier bilan mondial en 2023 et tous les cinq ans par la suite sauf si elle adopte une décision contraire.

3. Les résultats du bilan mondial éclairent les Parties dans l’actualisation et le renforcement de leurs mesures et de leur appui selon des modalités déterminées au niveau national, conformément aux dispositions pertinentes du présent Accord, ainsi que dans l’intensification de la coopération internationale pour l’action climatique.

Article 15

1. Il est institué un mécanisme pour faciliter la mise en œuvre et promouvoir le respect des dispositions du présent Accord et en promouvoir le respect.

2. Le mécanisme visé au paragraphe 1 est constitué d’un comité d’experts et axé sur la facilitation, et fonctionne d’une manière qui est transparente, non accusatoire et non punitive. Le comité accorde une attention particulière à la situation et aux capacités nationales respectives des Parties.

3. Le comité exerce ses activités selon les modalités et procédures arrêtées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris à sa première session et lui rend compte chaque année.

Article 16

1. La Conférence des Parties, organe suprême de la Convention, agit comme réunion des Parties au présent Accord.

2. Les Parties à la Convention qui ne sont pas parties au présent Accord peuvent participer en qualité d’observateurs aux travaux de toute session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au présent Accord. Lorsque la Conférence des Parties agit comme réunion des Parties au présent Accord, les décisions prises au titre dudit Accord le sont uniquement par les Parties à l’Accord.

3. Lorsque la Conférence des Parties agit comme réunion des Parties au présent Accord, tout membre du Bureau de la Conférence des Parties représentant une Partie à la Convention mais qui, à ce moment-là, n’est pas partie au présent Accord est remplacé par un nouveau membre élu par les Parties à l’Accord parmi celles-ci.

4. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris fait régulièrement le point de la mise en œuvre du présent Accord et prend, dans les limites de son mandat, les décisions nécessaires pour en promouvoir la mise en œuvre effective. Elle exerce les fonctions qui lui sont conférées par le présent Accord et :

a) Elle crée les organes subsidiaires jugés nécessaires pour la mise en œuvre du présent Accord;

b) Elle exerce les autres fonctions qui peuvent se révéler nécessaires aux fins de la mise en œuvre du présent Accord.

5. Le règlement intérieur de la Conférence des Parties et les procédures financières appliquées au titre de la Convention s’appliquent mutatis mutandis au titre du présent Accord, sauf si la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris en décide autrement par consensus.

6. Le secrétariat convoque la première session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris à l’occasion de la première session de la Conférence des Parties prévue après l’entrée en vigueur du présent Accord. Les sessions ordinaires ultérieures de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris coïncideront avec les sessions ordinaires de la Conférence des Parties, à moins que la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris n’en décide autrement.

7. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris tient des sessions extraordinaires à tout autre moment lorsqu’elle le juge nécessaire ou si une Partie en fait la demande par écrit, à condition que cette demande soit appuyée par un tiers au moins des Parties dans les six mois qui suivent sa communication aux Parties par le secrétariat.

8. L’Organisation des Nations Unies, ses institutions spécialisées et l’Agence internationale de l’énergie atomique, ainsi que tout État membre d’une de ces organisations ou doté du statut d’observateur auprès de l’une d’elles qui n’est pas Partie à la Convention, peuvent être représentés aux sessions de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris en qualité d’observateurs. Tout organe ou organisme, national ou international, gouvernemental ou non gouvernemental, qui est compétent dans les domaines visés par le présent Accord et qui a fait savoir au secrétariat qu’il souhaitait être représenté en qualité d’observateur à une session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris peut y être admis en cette qualité à moins qu’un tiers au moins des Parties présentes n’y fassent objection. L’admission et la participation d’observateurs sont régies par le règlement intérieur visé au paragraphe 5 du présent article.

Article 17

1. Le secrétariat créé en application de l’article 8 de la Convention assure le secrétariat du présent Accord.

2. Le paragraphe 2 de l’article 8 de la Convention relatif aux fonctions de secrétariat et le paragraphe 3 de ce même article concernant les dispositions voulues pour son fonctionnement s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord. Le secrétariat exerce en outre les fonctions qui lui sont confiées au titre du présent Accord et par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

Article 18

1. L'organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique et l’Organe subsidiaire de mise en œuvre créés par les articles 9 et 10 de la Convention font office, respectivement, d’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique et d’Organe subsidiaire de mise en œuvre du présent Accord. Les dispositions de la Convention relatives au fonctionnement de ces deux organes s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord. L'organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique et l’Organe subsidiaire de mise en œuvre du présent Accord tiennent leur session en même temps que celles de l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique et de l’Organe subsidiaire de mise en œuvre de la Convention, respectivement.

2. Les Parties à la Convention qui ne sont pas parties au présent Accord peuvent participer en qualité d’observateurs aux travaux de toute session des organes subsidiaires. Lorsque les organes subsidiaires agissent en tant qu’organes subsidiaires du présent Accord, les décisions au titre dudit Accord sont prises uniquement par les Parties à l’Accord.

3. Lorsque les organes subsidiaires créés par les articles 9 et 10 de la Convention exercent leurs fonctions dans un domaine qui relève du présent Accord, tout membre de leurs bureaux représentant une Partie à la Convention mais qui, à ce moment-là, n’est pas Partie au présent Accord est remplacé par un nouveau membre élu par les Parties à l’Accord et parmi celles-ci.

Article 19

1. Les organes subsidiaires ou les autres dispositifs institutionnels créés par la Convention ou qui en relèvent, autres que ceux mentionnés dans le présent Accord concourent à l’application du présent Accord sur décision de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris. Celle-ci précise les fonctions qu’exerceront lesdits organes ou dispositifs.

2. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris peut donner de nouvelles directives à ces organes subsidiaires et dispositifs institutionnels.

Article 20

1. Le présent Accord est ouvert à la signature et soumis à la ratification, l’acceptation ou l’approbation des États et des organisations d’intégration économique régionale qui sont parties à la Convention. Il sera ouvert à la signature au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York du 22 avril 2016 au 21 avril 2017 et sera ouvert à l’adhésion dès le lendemain du jour où il cessera d’être ouvert à la signature. Les instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion sont déposés auprès du Dépositaire.

2. Toute organisation d’intégration économique régionale qui devient Partie au présent Accord sans qu’aucun de ses États membres y soit partie est liée par toutes les obligations découlant du présent Accord. Lorsqu’un ou plusieurs États membres d’une organisation d’intégration économique régionale sont parties au présent Accord, cette organisation et ses États membres conviennent de leurs responsabilités respectives aux fins de l’exécution de leurs obligations au titre du présent Accord. En pareil cas, l’organisation et ses États membres ne sont pas habilités à exercer concurremment les droits découlant du présent Accord.

3. Dans leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion, les organisations d’intégration économique régionale indiquent l’étendue de leur compétence à l’égard des questions régies par le présent Accord. En outre, ces organisations informent le Dépositaire, qui en informe à son tour les Parties, de toute modification importante de l’étendue de leur compétence.

Article 21

1. Le présent Accord entre en vigueur le trentième jour qui suit la date du dépôt de leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion par 55 Parties à la Convention qui représentent au total au moins un pourcentage estimé à 55 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

2. Au seul fin du paragraphe 1 du présent article, on entend par « total des émissions mondiales de gaz à effet de serre » la quantité la plus récente communiquée le jour de l’adoption du présent Accord par les Parties à la Convention ou avant cette date.

3. À l’égard de chaque État ou organisation d’intégration économique régionale qui ratifie, accepte ou approuve l’Accord ou y adhère après que les conditions fixées au paragraphe 1 du présent article pour l’entrée en vigueur sont remplies, le présent Accord entre en vigueur le trentième jour suivant la date du dépôt par cet État ou cette organisation de son instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion.

4. Aux fins du paragraphe 1 du présent article, tout instrument déposé par une organisation d’intégration économique régionale n’est pas compté en sus de ceux qui sont déposés par ses États membres.

Article 22

Les dispositions de l’article 15 de la Convention relatif à l’adoption d’amendements s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord.

Article 23

1. Les dispositions de l’article 16 de la Convention relatives à l’adoption et à l’amendement d’annexes de la Convention s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord.

2. Les annexes du présent Accord font partie intégrante de celui-ci et, sauf disposition contraire expresse, toute référence au présent Accord constitue en même temps une référence à ses annexes. Celles-ci se limitent à des listes, formules et autres documents descriptifs de caractère scientifique, technique, procédural ou administratif.

Article 24

Les dispositions de l’article 14 de la Convention relatif au règlement des différends s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord.

Article 25

1. Chaque Partie dispose d’une voix, sous réserve des dispositions du paragraphe 2 du présent article.

2. Dans les domaines de leur compétence, les organisations régionales d’intégration économique disposent, pour exercer leur droit de vote, d’un nombre de voix égal au nombre de leurs États membres qui sont Parties au présent Accord. Ces organisations n’exercent pas leur droit de vote si l’un quelconque de leurs États membres exerce le sien, et inversement.

Article 26

Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies est le Dépositaire du présent Accord.

Article 27

Aucune réserve ne peut être faite au présent Accord.

Article 28

1. À l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la date d’entrée en vigueur du présent Accord à l’égard d’une Partie, cette Partie peut, à tout moment, le dénoncer par notification écrite adressée au Dépositaire.

2. Cette dénonciation prend effet à l’expiration d’un délai d’un an à compter de la date à laquelle le Dépositaire en reçoit notification, ou à toute date ultérieure pouvant être spécifiée dans ladite notification.

3. Toute Partie qui aura dénoncé la Convention sera réputée avoir dénoncé également le présent Accord.

Article 29

L’original du présent Accord, dont les textes anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe font également foi, sera déposé auprès du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.

FAIT à Paris le douze décembre deux mille quinze

EN FOI DE QUOI les soussignés, dûment autorisés à cet effet, ont signé le présent Accord.

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 13:50

Le projet d'accord final pour lutter contre le réchauffement de la planète a été repoussé de vendredi à samedi 12 décembre matin, a indiqué vendredi 11 décembre au matin la présidence française de la conférence mondiale sur le climat (COP21). « Nous préférons nous donner le temps de consulter les délégations tout au long de la journée de vendredi », avant de présenter le texte final en vue d’une adoption directe en séance plénière, a-t-on précisé de même source. Le texte « sera présenté samedi matin tôt pour une adoption à la mi-journée », a-t-on ajouté.

Jeudi soir, un nouveau projet d'accord a été présenté par le président de la COP21, Laurent Fabius. Le texte, de 27 pages au lieu de 29, ne tranche toutefois pas, faute de convergence suffisante, certaines questions cruciales qui divisent les pays depuis le début des négociations : « La différenciation, les financements et l’ambition », selon M. Fabius.

Soit, plus précisément, la différenciation entre pays développés et en développement dans les efforts de lutte contre le changement climatique, les financements des pays riches en soutien aux pays affectés, notamment pour leur adaptation au réchauffement et, enfin, les mécanismes permettant de réviser à la hausse les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Des 366 crochets, à savoir les formulations encore en débat, de la précédente version, le texte est passé à seulement 48 crochets, selon Matthieu Orphelin, de la Fondation pour la nature et l’homme. Mais « le compte n’y est toujours pas », selon lui.

La nuit risque donc d’être longue, une fois encore, pour les ministres et négociateurs qui doivent désormais analyser le texte, avant de se réunir en indaba (mot zoulou faisant référence aux palabres), un format réduit aux chefs de délégation et à deux membres de leur équipe, mis au point pendant la conférence de Durban en 2011. En attendant l’ultime pacte pour le climat, tour d’horizon des points clés de l’accord… et des désaccords.

  • Le plafond de réchauffement

A quel niveau plafonner le réchauffement planétaire par rapport à la période pré-industrielle ? Le mandat donné aux négociateurs de la COP21, à Copenhague en 2009, était de parvenir à un consensus sur un maximum de 2 ºC, seuil au-delà duquel le dérèglement climatique deviendrait incontrôlable. Mais les pays les plus vulnérables, notamment les Etats insulaires menacés par la montée des eaux, demandent qu’il soit abaissé à 1,5 ºC.

Le projet d’accord présenté jeudi a opté pour une position intermédiaire : contenir la hausse de la température moyenne « bien en dessous de 2 ºC », et « poursuivre les efforts pour limiter une hausse des températures à 1,5 ºC ». « Un bon compromis », selon la Fondation pour la nature et l’homme. Le niveau d’ambition de l’accord deParis, inscrit à l’article 2, est crucial, dans la mesure où il deviendra un objectif universel adopté par tous les pays.

  • La différenciation entre pays riches et pays pauvres

La question de la « responsabilité commune mais différenciée » des Etats, inscrite dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de 1992, émane de la responsabilité historique des pays industrialisés dans les émissions de gaz à effet de serre, et dans leur plus grande capacité à faire face aux effets du changement climatique. Ce qui implique un engagement plus fort de leur part dans la lutte contre le réchauffement.

Depuis le début des négociations climatiques, et depuis l’ouverture de la COP21, cette question est cœur des débats. Elle n’est, selon Laurent Fabius, toujours pas réglée à ce stade. Même si l’article 3 mentionne notamment, sur les objectifs de réduction des gaz à effet de serre, que « les pays développés doivent ontinuer à prendre la tête » de ces efforts.

« Un accord durable ne peut pas être élaboré en diluant les responsabilités historiques et en mettant les pollueurs et les victimes sur le même plan », a lancé Prakash Javadekar, le ministre indien de l’environnement , lors des tables rondes entre les 195 Etats dans la nuit de mercredi à jeudi. Les pays en développement réclament que la réduction des émissions n’entrave pas leur essor économique. Les pays développés, de leur côté, voudraient voir des pays émergents contribuer financièrement, comme la Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre, ou d’autres puissances économiques montantes comme le Brésil ou l'Inde.

  • Les financements

L’impératif de différenciation rejaillit sur celui des financements, en particulier ceux à destination des pays les plus pauvres pour faire face aux impacts du dérèglement climatique – autre point crucial non tranché selon Laurent Fabius. Là aussi, les questions en suspens restent nombreuses : comment comptabiliser l'aide financière des pays développés aux pays en développement ? Comment la répartir entre atténuation (mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre) et adaptation au réchauffement ? Quels pays doivent contribuer ?

Sur ce sujet, l’article 6 reste incertain : « les pays développés doivent fournir des financements [nouveaux], [additionnels], [adéquats], [prévisibles], [accessibles], [durable] et [croissants] pour assister les pays en développement en matière d’atténuation et d’adaptation » – les termes entre crochets étant encore à décider. Il établit par contre la possibilité d’une coopération entre pays du Sud sur une base de volontariat.

La promesse des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 aux pays plus pauvres, devra aussi progresser après cette date, selon le texte. Pour Oxfam, « c’est un signal encourageant qui montre que les besoins des pays en développement ont été reconnus. » Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation pour la nature et l’homme, y voit aussi un signal positif :

Enfin, le partage de ces financements entre adaptation et atténuation doit être « équilibré », dit le texte, en tenant compte des stratégies nationales des pays, de leurs priorités et de leurs besoins. En octobre, un rapport de l'OCDE évaluait à 62 milliards les montants Nord-Sud collectés en 2014. « Je ne dis pas que les chiffres avancés par l’OCDE ne sont pas les bons. Mais nous voulons un accord (…) qui permet de savoir quel est le montant réel » des financements pour le climat, a indiqué la ministre de l’environnement du Brésil, Izabella Teixeira.

  • Les pertes et dommages

Liée à celle des financements, c’est une question chère aux pays les plus vulnérables, qui pâtissent déjà des effets du réchauffement. Certains sont balayés par des cyclones de plus en plus fréquents, d’autres touchés par des sécheresses qui menacent leur sécurité alimentaire, ou à l’inverse par des inondations dévastatrices. D’autres encore, comme les petits Etats insulaires des Marshalls, Tuvalu ou Kiribati, pays parmi les plus pauvres du monde , voient leur territoire même menacé de disparition par la montée des eaux.

Malgré ces impacts, les pays développés rechignent à ce stade à proposer un dédommagement financier. D’après l’ONG Oxfam, « cette question des pertes et dommages est encore en sursis : deux options très divergentes restent sur la table, reflet du débat animé sur le sujet depuis quelques jours ». Toutes deux reconnaissent l’importance de traiter cette question des « pertes et dommages dus aux effets néfastes du changement climatique », mais seule la seconde introduit la notion de différenciation entre pays développés et en développement.

  • L’objectif à long terme

Les plans de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre annoncés par les pays pour la COP21 ne vont généralement pas au-delà de 2030. Et ensuite ? Le projet d’accord évoque dans l’article 3, qui porte sur l’atténuation du réchauffement, un « pic des émissions de gaz à effet de serre dès que possible, reconnaissant que ce pic sera plus tardif chez les pays en développement ». Il avance un objectif de « neutralité des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans la seconde moitié du siècle », ce qui nécessiterait alors d’absorber autant de GES qu’on en émet. Un terme jugé peu clair pour les ONG qui auraient préféré le mot « décarbonation ». Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) juge impérative une baisse de 40 à 70 % des émissions d’ici 2050, pour parvenir à la neutralité carbone à la fin du siècle.

  • Le mécanisme de révision

Les promesses actuelles des Etats plaçant la planète sur une trajectoire d’environ + 3 ºC, le principe d’une révision périodique des engagements s’est imposé. Mais à partir de quand et selon quelles modalités ? L’article 10 prévoit de dresser un « bilan mondial » des progrès accomplis vers l’objectif de l’accord, avec un premier rendez- vous en 2023 – rappelons que l’accord de Paris doit entrer en vigueur en 2020 –, puis une révision « tous les cinq ans ». Ce premier rendez-vous paraît tardif, notamment à la Fondation pour la nature et l’homme :

  • La transparence

Comment s’assurer que tous les gouvernements tiennent leurs promesses en matière de rejets carbonés ? Qu’ils ne trichent pas sur la réalité de leurs émissions ? Seuls les pays du Nord sont aujourd’hui soumis au système de suivi, notification et vérification (monitoring, reporting and verification en anglais), instauré par le protocole de Kyoto. Les pays en développement, eux, en sont exemptés.

Le projet d’accord, dans l’article 9 consacré à « la transparence », ouvre trois options : un cadre soit « différencié entre les pays développés et en développement », soit « unifié », soit encore « prenant en compte les capacités différentes des parties ». Il précise que le cadre de transparence accorde « une flexibilité » aux pays en développement, en fonction de leurs capacités.

Comment s’opérera le contrôle ? Deux options là encore. Soit, pour tous les pays, développés ou non, « un examen technique par des experts », avec une « flexibilité » pour les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires. Soit « un processus d’examen technique fiable » pour les pays développés, et « un processus d’analyse technique suivi d’un processus d’évaluation multilatéral », pour les pays en développement. Ces derniers auront alors l’assurance que le dispositif sera « non intrusif, non punitif et respectueux de la souveraineté nationale ».

Par Angela Bolis et Pierre Le Hir

Monde.fr du 10 et 11 décembre 2015

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